La préfecture a fait un point à mi-parcours du Plan Chlordécone 3 (2014-2020). De nombreuses actions ont été lancées pour garantir la sécurité et la protection des populations.
La chlordécone est un produit phytosanitaire, pesticide organochloré qui a été utilisé pour lutter contre le charançon du bananier. C'est un polluant organique persistant considéré comme non biodégradable. Sa toxicité alliée à cette persistance l'ont fait interdire dans de nombreux pays (dès 1976 aux États-Unis et jusqu’en 1999 dans les pays d’Europe de l’est).
L’introduction sur le marché de cette molécule date de 1972 et son interdiction définitive en France a été prononcée en 1990. Des dérogations successives ont permis son utilisation dans les Antilles françaises jusqu’en 1993. Cette substance très stable peut contaminer certaines denrées végétales ou animales, ainsi que les eaux de captage, de rivière et de mer.
En Guadeloupe, la pollution des sols par la chlordécone est localisée essentiellement dans le sud de la Basse-Terre. Il s’agit de terres très majoritairement cultivées en bananeraie alors que l’utilisation de cette molécule était autorisée et on estime aujourd’hui à environ 14 000 ha les zones potentiellement contaminées c’est à dire que 16 % des parcelles d’usage agricole de Guadeloupe continentale sont considérées comme à risque.
Le maintien d’une activité agricole sur les sols pollués reste heureusement possible sous réserve de respecter les recommandations de pratiques culturales issues des travaux de recherche (absence de contamination de certaines productions).
La contamination par la chlordécone constitue une préoccupation sanitaire, environnementale, agricole, économique et sociale et un enjeu de santé publique.
Après les deux premiers plans chlordécone les pouvoirs publics ont lancé le plan chlordécone III.
Ce troisième plan chlordécone a pour objet de poursuivre les actions engagées pour protéger la population (surveillance et recherche) mais aussi pour accompagner les professionnels impactés par cette pollution (pêcheurs, agriculteurs, éleveurs).
Il vise à passer d’une logique de gestion de crise sur le court terme des effets collatéraux de la pollution à une logique de long terme et de développement durable des territoires, intégrant la problématique de la chlordécone.
LE PLAN CHLORDECONE 1 – 2008/2010 – 33 M€
Il comportait 40 mesures autour de la cartographie de la pollution des terres agricoles, du contrôle de l’état des eaux, de la surveillance des produits locaux mis sur le marché, de l’accompagnement des auto-consommateurs (JAFA), des travaux de recherche sur l’impact du chlordécone sur la santé, de l’aide aux agriculteurs ainsi que de la mise en place d’outils de communication.
LE PLAN CHLORDECONE 2 – 2011/2013 – 31 M€
Les mesures de ce deuxième plan s’articulaient autour de 4 objectifs :
LE PLAN CHLORDECONE 3 – 2014/2020 – 30 M€ sur le 1er triennal
Ce plan s’inscrit dans une durée plus longue pour faciliter le déploiement d’actions structurantes, susceptibles de répondre aux défis posés par la contamination d’une partie des sols et des eaux adjacentes et son articulation avec les programmes européens et le CPERContrat de plan État-Région.
Il s’articule autour de 4 axes déclinés en 21 propositions d’actions.
SOIT 94 M€ A CE JOUR
Au niveau local les préfets de Martinique et de Guadeloupe disposent d’un outil financier : le programme des interventions territoriales de l’État qui leur permet d’agir avec des crédits interministériels au plus près du terrain avec souplesse et réactivité.
Le PITE (programme des interventions territoriales de l'État) représente environ 40 % du financement du PC3 le reste étant financé en direct par les différents ministères.
PITE | ||
2015 | 4 811 502 € | dont 910 800 € de crédits pour étude BRGM 2015-2018 |
2016 | 1 813 283 € | |
2017 | 3 813 827 € | dont 1 900 000 € de crédits exceptionnels pour l'aide sociale aux pêcheurs |
2018 | 1 876 735 € | |
12 315 347 € |
De très nombreuses actions sont financées localement dans le cadre du PITE pour répondre à la problématique du chlordécone sur le long terme. En voici quelques exemples :
Axe 1 : élaborer localement une stratégie de développement durable dans l’objectif d’améliorer la qualité de vie des populations dans un contexte de pollution
Cette étude engagée en 2014 pour un coût de 387 805 € dont 209 305 € pour l’État a permis d’objectiver en masse la cartographie des zones contaminées au-delà du seul historique de la culture bananière et de produire de nouvelles cartes de contamination potentielle et réelle des sols par la chlordécone. Les résultats de cette étude ont notamment permis de réévaluer l’étendue des zones à risque de pollution désormais évaluées à 14 170 ha en Guadeloupe.
Toutes ces informations seront bientôt disponibles sur Internet en cartographie dynamique via le site Karugéo.
Axe 2 : favoriser une approche de prévention du risque sanitaire et de protection des populations dans une stratégie durable
Les résultats de ces contrôles feront l’objet d’une communication dédiée en Guadeloupe dès que la totalité des analyses 2017 sera consolidée.
Axe 3 : poursuivre les actions de recherche
Au total sur le seul PITE c’est plus d’1 M € qui a été engagé localement sur des études. La recherche est également financée au niveau national par les ministères.
On peut citer INSSICA, OPALE, CHLOANT, KARUPROSTATE, KANNARI, TI MOUN, CHLEAUTERRE, études sur la décontamination des Ombrines, des Langoustes, etc...
Axe 4 : enjeux socio-économiques
De nombreuses actions sont entreprises pour accompagner les professionnels de la pêche essentiellement dans leur adaptation au contexte de la pollution, ainsi :
Outre la continuation des différentes actions du plan, la communication autour des actions du Plan sera renforcée en 2018, avec :
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