Chlordécone : Le copil s'est réuni en présence de la directrice de projet chargée de la coordination

Mis à jour le 06/07/2021

Ce lundi 5 juillet, le comité national de pilotage du plan chlordécone IV, présidé par le préfet de Guadeloupe, s'est réunit en préfecture pour présenter l’état d’avancement des actions menées par le plan chlordécone IV dans le cadre de la sécurité alimentaire ayant pour objectif de tendre vers le « zéro chlordécone » dans l’alimentation.

Ce comité a été l’occasion pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) de présenter ses études récentes en présence de Roger Genet, son directeur général. Ces travaux constituent une étape importante dans la mise en œuvre du plan chlordécone IV qui vise à protéger la santé des Antillaises et Antillais et prendre en charge les impacts de la pollution à la chlordécone.

L’étude phare porte sur la définition de deux nouvelles valeurs toxicologiques de référence (VTR) pour la chlordécone, à partir des études toxicologiques et épidémiologiques les plus récentes.

Après la présentation (en 2017 et 2018) des études Kannari sur les expositions alimentaires et la biosurveillance de la population antillaise, il s’agit d’une nouvelle étape dans l’avancement du plan chlordécone pour améliorer les actions de réduction des expositions de protection de la santé des populations antillaises.

En effet, ces valeurs permettront une analyse plus approfondie des données d’exposition et de biosurveillance recueillies jusqu’à présent. Elles contribueront ainsi à définir des mesures plus ciblées pour abaisser les expositions en tenant compte des spécificités des sous-groupes de personnes se situant au-dessus des VTR (profils socio-démographiques, habitudes de consommation, etc.).

Les données de bio-surveillance issues des études de Kannari I ont permis d’observer que plus de 90 % de la population antillaise présentait des taux de chlordécone détectables dans le sang*.

Pour autant, la seule présence de chlordécone dans le sang ne suffit pas pour y associer un niveau de risque. Celui-ci dépend du niveau et de la durée d’exposition à la chlordécone. Aujourd’hui, on peut affirmer que 85% de la population de Guadeloupe présentait, en 2014, un résultat associé à un risque négligeable d’apparition d’effets néfastes. Ce résultat sera affiné par l’actualisation de l’évaluation des risques sanitaires que l’ANSES conduira d’ici fin 2021.

Un dosage de chlordéconémie, ne permet pas de dire si personne est en bonne ou en mauvaise santé, ou si elle risque de tomber malade. La présence de chlordécone dans le sang est un signal pour comprendre et réduire son exposition. À l’heure actuelle, on sait que la demi-vie d'élimination de la chlordécone dans le sang chez l’Homme est comprise entre 60 et 160 jours, après suppression de toute source d’exposition.

Pour mieux accompagner les personnes ayant participé aux premiers tests de chlordéconémie, l’agence régionale de la santé a établi un protocole de suivi. Pour identifier et réduire les sources d’expositions, des ateliers seront mis en place. Il s’ensuivra une liste de recommandations alimentaires puis une phase de suivi et de diagnostic individualisé des sources de contaminations. En fin de parcours un nouveau dosage sera effectué pour évaluer l’évolution du taux de chlordécone dans le sang et permettre une évaluation des recommandations.

La seconde étude présentée par l’ANSES porte sur le lien entre exposition aux pesticides et le cancer de la prostate. Le rapport conclut à un lien causal probable entre expositions aux pesticides, notamment la chlordécone et le cancer de la prostate et recommande la création d’un tableau de maladie professionnelle. Les partenaires sociaux, se réunissent au sein de deux commissions nationales que sont, pour le régime général, une commission spécialisée du conseil d’orientation sur les conditions de travail (COCT) et pour du régime agricole, la commission supérieure des maladies professionnelles en agriculture (COSMAP). Ils doivent se réunir d’ici la mi-juillet, pour formuler leurs propositions, sur la base desquelles les pouvoirs publics prendront rapidement une décision. La création d’un tableau de maladie professionnelle permettra de faciliter les démarches indemnisation dans le cadre du fonds d’indemnisation des victimes de pesticides opérationnel depuis fin 2020.

L’accompagnement gratuit des assurés en vue de l'amélioration de la prise en charge de leur maladie professionnelle sera effectif grâce à l'association Phyto-Victimes, association d’envergure nationale qui accompagne les victimes dans leurs démarches administratives, juridiques et qui sensibilise aux impacts des pesticides sur la santé humaine et l’environnement. L’association a pu présenter, lors du comité de pilotage local, son projet qui est accompagné et soutenu par des associations locales.

Enfin, la dernière étude présentée concerne les expositions alimentaires au sein des foyers directement, c’est l’étude ChlorExpo dont le lancement a été fait le 1er juillet dernier. Le but est d’obtenir une photographie plus précise du niveau d’exposition alimentaire de la population au chlordécone, en lien avec les dernières connaissances sur les risques d’exposition à ce contaminant chimique. Pour mieux prendre en compte les habitudes locales d’approvisionnement, de préparation et de cuisson des aliments, l'agence réalise cet été 2021 une enquête scientifique auprès des habitants. Les informations produites contribueront à permettre de limiter l’exposition de la population, sans renoncer aux produits ou aux modes de production et de distribution locaux.

Ces travaux rappellent l’importance de tendre vers le « zéro chlordécone dans l’alimentation ».

Afin de sécuriser l’alimentation de la population guadeloupéenne contre la pollution à la chlordécone, les services de l’ÉTAT – DAAF, DEETS, DM – ont été effectués plus de 9 000 contrôles au sein de la production locale en vue de la commercialisation incluant les importations au cours du Plan Chlordécone III (2014-2020), dont seulement 300 cas de non-conformité, soit un taux de conformité de 97 % des produits. Plus de 1500 contrôles par an sont prévus par le plan chlordécone IV soit plus de 10 500 contrôles sur la totalité du plan chlordécone IV .

Une démarche d’appui aux producteurs et agriculteurs est également prévu par le Plan Chlordécone IV. Cet appui passe par :

  • la mise en place d’analyses gratuites de sols, d’eau et de fourrages pour les professionnels,
  • un diagnostic et des conseils apportés aux éleveurs,
  • le soutien de travaux de recherche,
  • l’accompagnement des filières avec le développement de marque collective pour les fruits et légumes et les fourrages.

Ce comité de pilotage et également été l’occasion de rappeler l’importance du programme d’information des jardins familiaux (Jafa) sur notre territoire permettant la sécurisation des jardins « peyi » et du programme Titiri qui visant à réduire les risques d’exposition à la chlordécone dans la consommation des produits de la pêche issus des eaux douces et de la mer.