Résultats du projet Recreafish : aux Antilles, des pêcheurs volontaires ont aidé l’Ifremer à évaluer la pêche de loisir.

Mis à jour le 23/01/2023
plage de la Caravelle (Sainte-Anne) – Copy right : J. Baudrier, Ifremer

Grâce à la participation de 125 pêcheurs volontaires, les scientifiques de l’Ifremer ont dressé pour la première fois un état des lieux de la pêche récréative en mer aux Antilles françaises. En apportant des informations fiables, ces travaux ont révélé l’impact important, tant écologique qu’économique, de cette activité. Les résultats alimenteront les réflexions sur la nécessité d’un suivi plus régulier de la pêche récréative aux Antilles, indispensable pour assurer une gestion durable de la pêche dans ces territoires.

La pêche récréative en mer est une activité populaire dans les Antilles, pratiquée par 7% des résidents des quatre îles françaises (Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy), un taux élevé comparé à la situation dans l’hexagone et ses pays voisins où ces pratiques concernent moins de 3% de la population. La connaissance de cette activité était pourtant très parcellaire dans ces territoires d’outre-mer. Pour y remédier, les scientifiques de l’Ifremer et leurs partenaires de la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin et de l’Agence territoriale de l'environnement de Saint-Barthélemy, ont entrepris depuis l’automne 2020 de mesurer l’impact des activités de pêche récréative, à travers le projet RECREAFISH financé par l’Office français de la biodiversité, la Préfecture de Guadeloupe et l’Office de l'eau de Martinique.

Pendant un an, 125 pêcheurs volontaires ont accepté de renseigner des informations sur leurs sorties pour permettre aux scientifiques d’identifier les pratiques, les espèces capturées et celles rejetées, ainsi que les retombées économiques de l’activité pour la vie des Antilles françaises. La pêche récréative entraîne en effet des dépenses, notamment pour l’achat de matériel ou le transport, qui sont significatives dans l’économie des Antilles françaises, d’après les données collectées auprès des volontaires. En Guadeloupe par exemple, ces dépenses sont estimées à 8,9 millions d’euros chaque année, soit 0,1% du PIB de l’île. A ces coûts qui concernent les pêcheurs résidents s’ajoute le rôle de la pêche touristique, non évalué par ce projet, qui contribue également aux retombées économiques locales.

« Ce travail nous a permis d’obtenir des données précieuses sur les captures locales, jusqu’alors difficiles à estimer. En Martinique notamment, le total des prises ramenées par les pêcheurs de loisir est estimé à environ 434 tonnes par an. Cela représente 22% de l’ensemble des débarquements annuels sur l’île, pêche professionnelle comprise, précise Jérôme Baudrier, coordinateur de l’étude à la délégation Ifremer de Martinique. C’est une activité importante, qui doit être prise en compte dans les réflexions liées à la gestion durable des ressources locales».

Ces résultats alimentent les réflexions sur la nécessité d’un suivi plus régulier de la pêche récréative aux Antilles, comme cela est déjà entrepris en France hexagonale. La méthodologie mise en place dans cette étude peut constituer un exemple des moyens nécessaires pour pérenniser ce suivi, en favorisant l’engagement des pêcheurs de loisir résidents et leur sensibilisation à une gestion raisonnée de la pêche. Dans le cadre du projet RECREAFISH, la participation des volontaires avait été encouragée par le biais d’un tirage au sort en ce début d’année de chèques cadeaux qu’ils pourront utiliser dans des magasins commercialisant du matériel de pêche sur chacune des îles.